Ce nouvel hôtel de Marrakech impose une vision radicalement différente du luxe

Dans une ville saturée de palaces orientalisants, le Park Hyatt Marrakech surgit comme une réponse à rebours. Minimaliste, feutré, d’une élégance presque japonaise, il change les codes. Profondément.

Park Hyatt Marrakech, une architecture d’effacement au pied de l’Atlas

Situé dans le domaine d’Al Maaden, à quelques kilomètres de la médina, l’hôtel s’inscrit dans un paysage déjà dense — montagnes en fond, palmeraies en aplats, lumière dure. Pourtant, rien ici ne cherche à dominer. Le Park Hyatt s’enfonce dans la terre, épouse le relief, s’efface pour mieux apparaître. Inspirée du ksar traditionnel mais déstructurée, l’architecture joue la carte du retrait.

Les lignes sont pures, les masses équilibrées. À l’extérieur, les matériaux bruts dialoguent avec les textures sableuses du désert. À l’intérieur, l’atmosphère bascule dans un minimalisme raffiné. Pas de surcharge. Pas d’accumulation. Le luxe est dans la respiration, dans l’intelligence des volumes, dans la lumière qui glisse sur le tadelakt ou s’attarde sur un tapis berbère posé à même le béton brut.

Une décoration qui fait rupture dans le paysage marocain

C’est sans doute ce qui frappe le plus dans ce projet : le choix assumé d’un décor radicalement dépouillé, mais jamais froid. Le duo Jouin-Manku a pensé chaque espace comme un hommage discret à l’artisanat marocain, sans jamais tomber dans le pastiche. Les objets ne sont pas là pour “faire marocain”, ils sont là parce qu’ils viennent du Maroc – dans leur essence, leur matière, leur ligne.

Les salons évoquent des alcôves minérales. Les chambres, toutes orientées vers le paysage, s’organisent autour de textures sourdes, de bois massifs, de textiles nobles dans des tons de sable et de cuivre patiné. Le mobilier, aux courbes douces, semble avoir été sculpté dans le silence. Chaque élément a été choisi pour laisser l’espace respirer. Le vide ici est une forme de soin.

Un art de vivre fait de lenteur, d’équilibre et d’intimité

À cette esthétique sobre répond une vision du service fondée sur la discrétion active. Pas de sur-présence, pas d’hyperpersonnalisation démonstrative. Le personnel anticipe, accompagne, s’éclipse. Le luxe devient ici un art du tempo : savoir quand apparaître, et surtout, quand disparaître.

Le spa, sanctuaire de 2200 m², propose une approche inspirée des rituels marocains – hammam, soins à l’argile, massages à l’huile d’argan – sans folklore ni exagération. Les bassins, semi-enterrés, les voûtes tamisées et les sons filtrés par la pierre créent une parenthèse sensorielle pure, presque monacale.

Même approche du côté du golf 18 trous, signé Kyle Phillips, pensé comme un prolongement du paysage. On ne joue pas « à côté de » l’Atlas, on y joue dans sa perspective.

Une table ancrée, sans show ni bruit

La cuisine suit cette même ligne : modeste en apparence, rigoureuse en réalité. Le chef développe une carte fondée sur les produits du terroir, une grande partie cultivée sur place. Les herbes, les légumes et les épices sont travaillés avec justesse, loin de toute démonstration.

Le soir, à la table principale comme dans les autres espaces de restauration, le Maroc s’exprime sans clichés : une pastilla déconstruite, un agneau fondant au citron noir, un pain maison cuit sur pierre chaude. Tout respire la sincérité. Rien n’est dans l’excès.

Un refuge culturel, presque philosophique au Park Hyatt Marrakech

Enfin, le Park Hyatt Marrakech s’affirme comme un acteur culturel. Loin de la simple déco « arty », il accueille des œuvres d’art contemporain marocain, programme des expositions temporaires, soutient la création locale. L’hôtel est traversé par une pensée de l’espace et du lien, qui se manifeste dans ses choix esthétiques autant que dans son ancrage.

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