Ces maîtres de cérémonie ont marqué Cannes à jamais
À Cannes, chaque ouverture est un acte politique, une promesse artistique, un exercice de funambulisme en direct. Si la sélection en compétition fait parler, les maîtres de cérémonie eux, peuvent enflammer — ou refroidir — tout un festival.
Laurent Lafitte, entre théâtre classique et fausse spontanéité
Laurent Lafitte, sociétaire de la Comédie-Française, connaît les planches comme sa poche et le Festival de Cannes comme sa loge. En 2016, pour sa première cérémonie, il collabore avec Vincent Dedienne à l’écriture et tente un savant mélange d’ironie, de distance feinte et de maîtrise parfaite du ton.
Son style ? Une fausse spontanéité, maîtrisée jusqu’au souffle, avec une pointe de cruauté feutrée. En 2025, il fera son grand retour dans ce rôle délicat, avec en parallèle une double présence : maître de cérémonie et acteur à la Quinzaine des Cinéastes dans Classe moyenne d’Antony Cordier, aux côtés de Laure Calamy et Élodie Bouchez.
Édouard Baer, l’absurde comme philosophie
Qu’il ait officié en 2008, 2009, 2018 ou 2019, Édouard Baer reste le maître du monologue flou mais profond. Son style ? Le décalage, la tendresse, l’amour des mots. Il parle aux techniciens, aux invisibles du festival, à l’enfance du cinéma. Sa phrase devenue culte : « Cannes, c’est un carnaval triste, une fête joyeuse. » Impossible de ne pas être touché.
Monica Bellucci, la sensualité en toute langue
En 2017, Monica Bellucci apporte sa grâce bilingue à une cérémonie subtilement orchestrée. Mélange d’italien, de français et de gestes tendres, elle insuffle une dimension sensuelle et politique, notamment en dénonçant avec pudeur la condition des femmes dans le cinéma. Une soirée sous le signe de la féminité puissante.
Cécile de France, le naturel en majuscule
En 2005, Cécile de France surprend tout le monde avec sa fraîcheur. Sans fard ni envolée lyrique, elle incarne la simplicité dans un festival souvent saturé d’artifices. Son ton direct, complice avec les spectateurs et les artistes, fait d’elle l’une des présentatrices les plus appréciées.
Et les autres…
Vincent Cassel en 2006, Lambert Wilson plusieurs fois, Chiara Mastroianni en 2024 : tous ont tenté, parfois réussi, parfois peiné à faire oublier le poids de l’événement. Car Cannes n’est pas une scène facile. Entre attentes mondiales et tension politique, il faut savoir doser.
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