Comme des Garçons : un manifeste pour la paix
C’est un cri de liberté et de refus de la guerre que Rei Kawakubo a présenté avec le défilé Comme des Garçons Homme Plus Automne-Hiver 2025–2026. Au cœur de Paris, rue Auber, la créatrice japonaise a livré une vision pacifiste et poétique, où chaque détail des 35 silhouettes racontait une renaissance après le chaos.
Une esthétique libératrice
Les mannequins, en traversant un décor baigné de lumière, ont incarné des figures ayant quitté le champ de bataille pour une quête de sérénité. Les vestes en kaki délavé, ornées de pattes d’épaule parfois détachées, évoquaient un passé militaire. Mais cette guerre était révolue, remplacée par une atmosphère de renouveau. Des fleurs poussant sur les casques, écho au célèbre cliché de Marc Ribaud, symbolisaient l’espoir et la vie triomphant des ruines.
Les combat boots, aux bouts carrés comme si elles avaient freiné brusquement, et les uniformes civils aux coupes déstructurées traduisaient un rejet de l’autorité martiale. Fidèle à son tailoring subversif, Rei Kawakubo a multiplié les détails insolites : des boutons en surnombre, des manteaux ouverts ou dotés de fermetures latérales, illustrant un refus des conventions établies.
Une bande-son engagée
Dans le hangar épuré où se déroulait le défilé, la voix de Nina Simone, avec Four Women, accompagnait chaque passage. Ses paroles puissantes résonnaient comme une mémoire collective de souffrance et de résilience. Les coiffures emmêlées des mannequins, métaphore des errances passées, renforçaient cette impression d’histoire inscrite dans les vêtements.
La fin d’une ère martiale
Les tons militaires du début ont cédé à une explosion de couleurs, évoquant une transition vers la joie et la liberté. Ce défilé, véritable ode à la paix, transforme les stigmates de la guerre en symbole d’espoir. Rei Kawakubo, à 82 ans, continue de repousser les limites de la mode avec une créativité indomptable.
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