Emma Becker : Au cœur du « Mal joli »
Avec son dernier roman, Le Mal joli, Emma Becker explore les contradictions de l’amour, mêlant passion charnelle et devoir maternel. L’auteure de La Maison dévoile ici un nouvel univers intime où l’ardeur amoureuse coexiste difficilement avec l’amour filial. Nous l’avons lu.
Le Mal Joli n’est pas le premier récit d’autofiction d’Emma Becker. Après le succès critique de La Maison en 2019, qui racontait son immersion dans le milieu de la prostitution berlinoise, elle revient avec un roman qui interroge, une nouvelle fois, les facettes intimes de la féminité. Le Mal joli, publié le 22 août 2024 aux éditions Albin Michel, se hisse déjà parmi les favoris et les controversés de la rentrée littéraire. Entre sélections aux prestigieux prix des Deux Magots et Femina et critique malicieuse de Beigbeder.
Le roman invite le lecteur dans une histoire d’amour ardente et douloureuse entre Emma, mariée et mère, et Antonin, lui aussi en couple et écrivain. Trois saisons – printemps, été, automne – pendant lesquelles Emma est partagée entre son foyer et une passion inassouvie. Becker nous entraîne dans une exploration des zones troubles de l’amour interdit, où chaque moment partagé avec Antonin, de Paris à la province, révèle à la fois une ivresse et un déchirement.
La critique du « Mal joli » : la mère, la femme, les deux
L’écriture, incisive, souvent crue et signature même de l’auteure, se place dans la lignée de l’autofiction contemporaine. La plume de Becker se distingue par sa capacité à catalyser les émois et les dilemmes féminins sans filtre. Emma Becker exprime le désir et la passion avec une franchise rare, voire abrupte, sans chercher à édulcorer les tensions qui naissent entre le plaisir et la douleur.
Mais au-delà de l’intensité charnelle, Emma Becker révèle les conséquences d’une double vie. Le personnage d’Emma vacille entre l’euphorie de l’amour et la culpabilité de négliger ses enfants. Cette dualité dépeint les sacrifices et les compromis auxquels les femmes modernes font face lorsqu’elles tentent de concilier amour personnel et amour maternel. Ce tiraillement est sans doute ce qui rend l’histoire d’Emma à la fois tragique et universelle, rappelant (trop ?) les héroïnes des grands classiques de la littérature amoureuse.
Un récit littéraire audacieux ?
Le Mal joli interroge la société actuelle en mettant en scène une relation où les différences idéologiques s’entrechoquent. Antonin, décrit comme un homme de droite aux lectures controversées, contraste avec Emma, femme de gauche et banlieusarde. Ce choix de l’auteure de mêler vie privée et débats idéologiques, de Saint-Germain à la province, ajoute une autre dimension au roman. Elle ancre cette passion dans un cadre bien réel, celui du Paris littéraire et de ses codes. Un sujet dont les intrigues passionnent depuis des centaines d’années. Mais finalement, si ce n’est un point de vue de l’auteur, rien de neuf.
Avec Le Mal joli, Emma Becker confirme sa place dans le paysage littéraire français. Dès sa sortie, ce roman a été sélectionné pour de nombreux prix. Parmi eux le prix des Deux Magots, le prix Femina et la sélection Transfuge.
Pour nous, ce dernier roman, s’il est intéressant à lire, n’est pas le meilleur d’Emma Becker. Le langage fleuri ne nous fait plus rougir. Nous attendons impatiemment de découvrir d’autres facettes de son talent dans un prochain roman.
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